Élisabeth Filhol, La centrale
Un petit livre angoissant, qui réussit à nous faire ressentir les peurs des travailleurs précaires du nucléaire, qui travaillent pour notre sûreté (mais largement contre la leur) et pour notre approvisionnement en une énergie toujours disponible, à laquelle on ne pense que lorsqu'il y a des coupures, c'est-à-dire rarement. La langue de ce texte, sèche, orale, saccadée tente de saisir ce temps linéaire, sans but, sans durée, sans souvenir (c'est le narrateur qui le dit) des missions d'un bout à l'autre de la France. Et c'est une réussite. Les quelques passages sur Tchernobyl orientent l'écriture et lui donnent son sens, la peur qui sourd des centrales, mais qu'on ignore parce que tout a toujours été fait pour que cela n'existe dans l'imagination de personne.