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Philosophie, écologie, politique. Florent Bussy, Professeur de philosophie.
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2 janvier 2021

Recension de mon livre sur l'utopie

https://avenirenquestion.blogspot.com/search/label/totalitarianism

 

Dans un monde soumis aux lois du Marché, l'utopie suscite un intérêt nouveau, comme en témoignent différentes publications récentes. Aucune transformation sociale de grande ampleur n'est possible sans une vision d'avenir, c'est à dire une forme d'utopie. Toutefois, l'utopie reste décriée au nom du principe de réalité, ce qui permet de rejeter un changement qualifié d'"utopique". Il est également reproché à l'utopie d'être la source des différentes formes de totalitarisme. Les grands totalitarismes du XXe siècle, le fascisme et le communisme seraient ainsi le résultat des utopies des siècles précédents.
Florent Bussy, professeur de philosophie et auteur d'ouvrages sur le totalitarisme, a récemment publié aux Editions Libre & Solidaire, un ouvrage consacré aux liens possibles ou supposés entre totalitarisme et utopie. Il montre que les deux notions sont, en fait antagonistes. Le totalitarisme vise à exercer au présent un pouvoir de domination absolu sur la population, alors que l'utopie propose une alternative pour l'avenir. L'utopie institue un écart par rapport à la réalité, incompatible avec le pouvoir. Certes, "les utopies sont diverses et toutes n'échappent pas également au reproche de la totalisation". Dans la Cité du Soleil (1602) de Tommaso Campanella, la sexualité est régie par un pouvoir central théocratique. Mais la Cité du Soleil reste une fiction et la liberté humaine reste préservée dans l'écart entre la fiction et la réalité. Toutes les utopies ne sont pas équivalentes et toutes ne décrivent pas un avenir souhaitable. A l'image du Meilleur des mondes ou de 1984, certaines décrivent un monde dystopique, qui représente une menace plutôt qu'un espoir. Pour tracer des voies d'avenir, l'utopie doit devenir éthique, à travers une ouverture au "visage de l'autre", selon les termes de Levinas. L'utopie s'oppose alors au totalitarisme et devient démocratique, en refusant de n'admettre qu'un point de vue unique. Lorsque le néolibéralisme s'affirme comme une pensée unique, sans alternative possible, il verse dans le totalitarisme. L'utopie devient alors plus que jamais nécessaire, pour s'incarner concrètement dans la réalité quotidienne. "L'utopie a vocation à ne pas demeurer seulement théorique, mais à secréter quantité de tentatives sociales, économiques, écologiques, politiques s'opposant au capitalisme total". Elle représente alors l'ambition d'une "visée radicale de transformation et de rupture" qui conduit dès à présent à de multiples initiatives, notamment au niveau local (communautés diverses, Amap, permaculture, monnaies locales). Un de ses rôles essentiels est de contribuer à maintenir une démocratie vivante, à l'abri de toute forme de totalitarisme.
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