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Philosophie, écologie, politique. Florent Bussy, Professeur de philosophie.
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10 décembre 2014

Café philo, Pourquoi tolérer ?

Pourquoi tolérer ?

 

Actualités de la tolérance

L’approche contemporaine de la tolérance met en avant la rupture avec le dogme religieux, le catholicisme à prétention universelle. Mais elle tend à le masquer en même temps, dans la mesure où le débat autour de la tolérance, en passant du domaine religieux aux problèmes sociaux a fini par faire disparaître toute référence à une vérité universelle . Si bien que la tolérance apparaît aujourd’hui elle-même comme une valeur universelle, mais sans fondement.

Ainsi le problème actuel des limites de la tolérance dans une société par nature tolérante, nous met-il face à un vide conceptuel.

On sent spontanément la contradiction d’une tolérance de l’intolérance, et pourtant cette contradiction évidente n’est pas suffisante. D’abord parce que, dans le cadre de la tolérance, ce qui est mis en avant c’est le droit de penser, et qu’un droit limité risquerait de perdre toute signification. Ensuite parce que cette limitation s’autoriserait d’une certaine conception universaliste de l’homme, contestée par la revendication du droit à la différence. La tolérance a ainsi atteint les limites au-delà desquelles elle se perd dans le relativisme selon lequel tout se vaut. La tolérance comme critère formel d’indifférence au contenu des positions

C’est pourquoi toute interrogation féconde sur la tolérance doit rechercher sur quoi on peut la fonder. Pourquoi tolérer ?

 

Origines de la tolérance

La tolérance est née moins de la contestation frontale de l’autorité de l’Eglise que de la situation de fait de courants divergents au sein des sociétés catholiques. Pouvait-on ne pas reconnaître les droits, non pas tant de l’erreur, mais de la conscience ?

La tolérance signifie alors moins la reconnaissance que l’endurance (sens étymologique, « tolerare »), le fait d’être capable de subir quelque chose. Il s’agissait d’une concession.

La référence à la conscience s’est pourtant vite transformée en contestation de la vérité officielle.

L’effacement progressif de la vérité va opérer à la fois par la référence à une liberté de conviction, à la propriété par chacun de sa pensée propre et par le principe de la responsabilité de chacun devant la vérité.

Seulement ce double fondement est travaillé par un déséquilibre fondamental. Les droits de la pensée apparaissaient inversement comme les devoirs de la raison. Mais, une fois remportée la victoire sur la superstition du passé, la raison est-elle encore capable de fonder des normes qui ne soient pas dogmatiques et qui permettent pourtant en même temps la reconnaissance d’une vérité universelle, même minimale, permettant de donner un fondement stable à la tolérance ? Peut-on fonder la tolérance ?

 

 

Problèmes de la tolérance

Alternative :

- soit la tolérance est un principe formel accordant la liberté à toutes les positions. Elle est alors limitée par la loi qui reconnaît des droits et des devoirs à chacun. Mais elle peut alors conduire à l’indifférence aux autres, et même à ce que une majorité finisse par marginaliser la différence.

- soit la tolérance c’est l’acceptation du principe de la contradiction. Eloignée de l’indifférence, elle implique la confrontation. Mais celle-ci n’est pas nécessairement pacifique, et rend possible l’éclatement prochain de l’intolérance.

Ignorance et indifférence ou confrontation et critique ? Pourquoi tolérons-nous, dans quels buts ?

 

 

Conclusion

Principe central de la vie démocratique, la tolérance apparaît également comme son écueil, parce qu’elle fait de la liberté un combat difficile contre soi-même et avec les autres. Elle suppose qu’on inverse les tendances inhérentes à la vie, agression et expansion.

Elle ne peut survivre à la quête du pouvoir pour le pouvoir, ni au repli sur soi.

 

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